Actifs : Troubles psychiques quels sont les facteurs de risques et quelle prise en charge ?
Ces dernières années, les multiples crises qui se sont succédé depuis celle du Covid 19 ont laissé de nombreuses traces psychologiques parmi la population. Pourtant, la santé mentale reste taboue, voire stigmatisée. Ainsi, selon une étude Ipsos dévoilée en 2024, 78% des Français considèrent qu’elle est aussi importante que la santé physique, mais seulement 34% estiment que les deux sont traitées de la même manière par le système de santé. Regardons ici quels sont les troubles psychiques les plus fréquents chez les actifs, quelles en sont les causes et les conséquences sur la vie quotidienne, et comment se faire aider.
Les troubles psychiques, qu’est-ce que c’est ?
Le monde médical parle de troubles psychiques pour définir tous les dysfonctionnements de la santé mentale. Que le déséquilibre soit profond comme avec une dépression ou plus léger avec un stress chronique, ils affectent l’état d’esprit et le bien-être général. Cela entraîne une souffrance qui elle-même génère des difficultés à penser, à se concentrer, mais aussi à interagir avec les autres.
C’est ainsi que les troubles psychiques regroupent un ensemble de maladies très diverses, comme la dépression donc, mais aussi les troubles anxieux, les troubles bipolaires, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la schizophrénie, etc.
Leur origine est difficile à situer et propre à chaque personne, d’autant plus qu’elle peut se cumuler. Mais certains troubles peuvent être d’origine génétique, sociale, économique ou socioculturelle. De même, des traumatismes de l’enfance ou de l’adolescence sont propices à leur développement.
S’ajoutent à cela des facteurs comportementaux, comme la consommation de drogue ou d’alcool. Lesquels peuvent eux-mêmes être liés à des problématiques de santé mentale. C’est dire si le champ des possibles est vaste dans ce domaine.
Les troubles psychiques chez les actifs, un phénomène préoccupant
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles psychiques sont la première cause d’invalidité dans le monde, et ils affectent plus de 301 millions de personnes. En France, on estime que 12 à 13 millions de personnes souffrent d’un trouble psychique , soit près d’un cinquième de la population. Parmi elles, 3,4 millions sont des actifs, c’est-à-dire des personnes qui travaillent ou sont à la recherche d’un emploi.
Par ailleurs, d’autres données montrent l’ampleur du phénomène :
- En France, la dépression concerne à elle seule 1 Français sur 4 au cours de sa vie, toujours selon l’Ipsos.
- Le chiffre monte même à 31% chez les jeunes.
- Et 36% des Français affirment que le stress a eu des conséquences sur leur vie à plusieurs reprises au cours de l’année passée.
Ces troubles peuvent avoir des causes multiples, mais qui peuvent être liées au contexte professionnel ou personnel.
Les conséquences des troubles psychiques sur la vie professionnelle et personnelle
Quand une personne souffre d’un trouble psychique, il n’est pas toujours facile pour elle de le reconnaître et d’en parler. A fortiori quand il s’agit d’une personne active pour qui tout semble aller bien à première vue.
Pourtant, ces troubles peuvent perturber gravement l’équilibre professionnel et personnel. Au travail, cela rend moins efficace, moins motivé, avec plus d’absentéisme, et une vulnérabilité plus exacerbée au stress ou à l’épuisement.
En parallèle, dans la vie personnelle, cela nuit au bien-être, à l’estime de soi. Sans compter que cela se répercute dans les relations avec les autres, mais aussi sur la santé physique. Les conséquences sont importantes sur le quotidien et peuvent possiblement mener à des actes irréversibles, autrement dit au suicide.
Comment être pris en charge ou aider quelqu’un ?
Face aux troubles psychiques, il est essentiel de ne pas rester seul et de chercher de l’aide. Mais une fois cela posé, l’acte de se faire aider n’est pas toujours simple. C’est d’ailleurs ce qui entraîne la faible prise en charge des troubles psychiques. Comme l’expliquent de nombreux spécialistes, la santé mentale n’est pas considérée comme étant prioritaire. Prenons un simple exemple : quand on a une douleur dentaire importante, le premier réflexe est de trouver un rendez-vous chez le dentiste. Mais quand l’esprit est embué, que les pensées deviennent noires, la démarche se fait plus difficilement, voire pas du tout.
Pourtant, il existe partout en France des dispositifs de prévention, de dépistage, de soin et d’accompagnement adaptés à chaque situation. Et cela, même au sein des entreprises.
Le premier interlocuteur à consulter est néanmoins le médecin traitant, lequel peut orienter vers un spécialiste, comme un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute selon les cas. Il est aussi habilité à prescrire un traitement médicamenteux si nécessaire en première intention.
S’ajoutent à la prise en charge médicale tous les aspects annexes qui sont essentiels comme les associations qui viennent en aide aux personnes touchées, ainsi que des lignes d’écoute pour parler à un interlocuteur à tout moment.
Que faire pour aider quelqu’un en difficulté psychique ?
Pour aider une personne qui souffre d’un trouble psychique, il est avant tout important de lui témoigner de la compréhension, de l’empathie, de la bienveillance, puis de l’encourager à consulter. Dans le même temps, il faut veiller à ne pas la culpabiliser, car cela peut aggraver son état. Un trouble ou une maladie psychique n’est pas du fait de la personne concernée et lui dire de voir la vie en rose ne suffit hélas pas. Cela demande du temps et un véritable accompagnement médical.
Comment se soignent les troubles psychiques ?
Comme pour la santé physique, chaque trouble de la santé mentale a ses propres symptômes, causes et traitements.
Mais les protocoles les plus courants pour soigner les maladies psychiques de l’adulte sont basés sur une approche pluridisciplinaire qui varie selon chaque patient et sa situation personnelle.
Pour des troubles anxieux, un psychiatre peut décider d’un traitement uniquement psychothérapeutique, sans passer par un traitement médicamenteux. Mais il peut aussi tout à fait estimer que les deux sont nécessaires.
Ainsi, les médicaments prescrits agissent sur les neurotransmetteurs du cerveau, afin de réduire les symptômes, par exemple de dépression, et de stabiliser l’humeur. Ce sont principalement les antidépresseurs et les anxiolytiques.
Un suivi psychologique, individuel ou collectif, est toutefois une solution souvent incontournable pour aider le patient à modifier ses schémas de pensée négatifs. A cela s’ajoute parfois une autre forme d’aide, à travers le tissu associatif ou des groupes de parole.
Dans tous les cas, le choix du protocole le plus adapté à chaque patient dépend de tous les facteurs personnels du patient, à commencer par la nature et la sévérité de la maladie, tout comme les antécédents médicaux, ainsi que de ses préférences. D’ailleurs, à ce titre, le protocole est élaboré en concertation entre le patient et son médecin et peut être réajusté à tout moment en fonction de l’évolution de la situation. L’objectif étant de proposer au patient un parcours de soins personnalisé, qui lui permette de retrouver un bien-être psychique et une qualité de vie satisfaisante.
Quelques ressources pour vous aider :
- Sur cette page, vous trouverez toutes les listes d’écoutesclassées par thème, par âge et aussi par profession. Ainsi, agriculteurs, communicants, militaires, soignants et professionnels de santé, vétérinaires … trouvent une aide dédiée.
- Le numéro national de prévention suicide : 31 14
- L’unafam qui apporte un soutien aux aidants qui s’occupent de personnes touchées par les maladies psychiques.
- La Maison Perchée, une association d’aide basée sur la pair-aidance, autrement dit des personnes qui ont connu ou connaissent des parcours similaires.