Lutter contre les problèmes de mémoire chez les seniors
Les problèmes de mémoire ne sont pas une fatalité, même avec l’avancée en âge. Il existe des moyens de prévenir et de réduire les troubles de la mémoire, en adoptant une bonne hygiène de vie, en stimulant son cerveau et en surveillant sa santé. Il est également important de savoir distinguer les pertes de mémoire bénignes des signes d’une maladie neurodégénérative, qui nécessitent une prise en charge médicale.
Problème de mémoire des seniors : état des lieux en France
Selon une étude réalisée par Odoxa pour la Société Française de Neurologie, près de 6 millions de Français déclarent éprouver fréquemment des troubles de la mémoire. Parmi les seniors, cette proportion est encore plus élevée : environ 18% des personnes âgées de 60 ans et plus, soit près de 3 millions de seniors, font état de pertes de mémoire régulières.
Pour beaucoup, cette perte progressive de mémoire évoque ou fait craindre la maladie d’Alzheimer, bien connue du grand public. Environ 9 millions de Français ont ainsi déjà craint que leurs pertes de mémoire soient le signe de cette pathologie. Cette crainte est particulièrement prononcée chez les personnes qui souffrent fréquemment de troubles mnésiques : 45% d’entre elles redoutent un lien avec Alzheimer, contre 18% de la population générale.
Mais, pour beaucoup de personnes, entourage comme seniors, ce sont les années qui passent qui rendent la mémoire plus aléatoire : 53% d’entre eux estiment ainsi que leurs problèmes de mémoire sont dus à l’âge.
Les problèmes de mémoire les plus courants
Les troubles de la mémoire peuvent se manifester sous différentes formes, selon leur origine et leur gravité. Faisons un tour d’horizon :
- L’oubli des noms propres, des dates ou des rendez-vous. Ce phénomène est souvent lié à un défaut d’attention ou de concentration ou à un stress passager. Cela reste néanmoins bénin.
- La difficulté à retrouver un mot ou une information, qui correspond à un phénomène de « mot sur le bout de la langue ». Il s’agit d’un dysfonctionnement temporaire du rappel des informations stockées dans la mémoire, qui peut être causé par la fatigue, le vieillissement ou l’anxiété. Ce trouble de la mémoire est gênant, mais pas inquiétant généralement.
- La confusion entre les souvenirs, soit le fait de mélanger les détails ou les circonstances de différents événements vécus. Ce trouble de la mémoire est souvent dû à un affaiblissement de la mémoire épisodique, qui est la mémoire des faits personnels situés dans le temps et l’espace. Chez les personnes âgées, cela peut être le signe d’un début de déclin cognitif qu’il faut donc surveiller.
Peut-on vraiment lutter contre les trous de mémoire en vieillissant ?
Les troubles de la mémoire ne sont pas une conséquence inévitable du vieillissement. Il est possible de préserver et d’améliorer sa mémoire en adoptant des habitudes simples et bénéfiques pour le cerveau.
Pratiquer une activité physique régulière
Le sport et l’activité physique en général favorisent la circulation sanguine et l’oxygénation du cerveau, ainsi que la production de nouvelles cellules nerveuses et de neurotransmetteurs. L’activité physique permet par ailleurs de réduire le risque de maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l’hypertension, qui sont elles-mêmes des facteurs de risque pour la mémoire.
Avoir une alimentation équilibrée et variée
Plus largement, c’est l’hygiène de vie en général qui permet de limiter les risques de perte de mémoire. En plus de limiter l’apport d’alcool, de sucre, de graisse, il est indispensable de se nourrir à partir de nutriments essentiels au bon fonctionnement du cerveau, à travers les fruits et les légumes, le poisson, les protéines maigres. Cela ne veut pas dire qu’il faut faire une croix sur les gourmandises et les plaisirs de la vie, mais mieux vaut les déguster uniquement de manière ponctuelle.
Cependant, il ne faut pas oublier un autre facteur chez les personnes âgées qui peut altérer le bon fonctionnement du cerveau et de la mémoire : le risque de dénutrition.
Dormir suffisamment
Le fait de bien dormir joue un rôle central dans la consolidation de la mémoire. Pendant le sommeil, le cerveau fonctionne comme un super ordinateur : il trie, classe et enregistre les informations acquises au cours de la journée. Or, un manque de sommeil peut limiter son temps d’action et par conséquent entraîner des troubles de la mémoire, de l’attention et de l’humeur.
Cependant, avec l’âge, les difficultés d’endormissement sont plus nombreuses. Chez les personnes âgées, le sommeil devient plus léger, morcelé. Ce qui explique aussi qu’elles aient souvent besoin de faire une sieste en journée. Si les difficultés sont plus importantes et qu’elles entraînent une détérioration de la qualité de vie, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant pour trouver une solution adaptée.
Stimuler son cerveau
Pour stimuler le cerveau, renforcer les liaisons neuronales et faciliter la mémoire, il est essentiel d’apprendre, de s’amuser, en somme d’être curieux de tout ! Faire des jeux avec ses petits-enfants, se plonger dans un livre, écouter de la musique, apprendre une nouvelle langue, lire le journal, etc. Tout cela permet de faire travailler le système neuronal. Ces activités aident aussi à se sentir mieux sur le plan de la santé mentale.
Entretenir sa vie sociale,
Dans le même ordre d’idée, la vie sociale est indispensable pour faire travailler sa mémoire ! La vie sociale est un facteur de stimulation cognitive, affective et motivationnelle, qui protège contre l’isolement, la dépression et le déclin cognitif.
Au contraire, le manque de lien fait perdre de l’intérêt et ses repères. Cela suppose aussi pour l’entourage, qu’il s’agisse de la famille, des amis ou des voisins, d’être présents. Rappelons à ce propos que, selon les chiffres de l’INSEE en 2021 et rapportés par le Sénat, environ 1,5 million de personnes âgées de 75 ans et plus en France souffrent d’isolement social sévère ou modéré, soit 12 % de la population.
Petit trou de mémoire ou maladie, comment faire la différence ?
Si les troubles de la mémoire sont fréquents et bénins chez les seniors, ils peuvent parfois être le symptôme d’une maladie neurodégénérative, comme la maladie d’Alzheimer. Il est donc important de savoir reconnaître les signes qui doivent alerter et consulter un médecin le cas échéant. Parmi ces signes, on peut citer :
- La répétition des mêmes questions ou des mêmes histoires, soit une perte de la mémoire immédiate et une difficulté à enregistrer les nouvelles informations.
- La désorientation temporelle ou spatiale à travers une confusion sur la date, le jour, le mois, l’année, le lieu, ou par des erreurs sur le chemin habituel.
- La difficulté à accomplir les tâches quotidiennes, comme se laver, s’habiller, cuisiner, payer ses factures, etc., qui témoigne d’une altération des fonctions exécutives (ce sont les capacités de planification, de raisonnement et de résolution de problèmes).
- Le changement de comportement ou de personnalité avec plus d’irritabilité, de sauts d’humeur, etc.
- Une difficulté à reconnaître les visages, les objets ou les mots.
Ces signes, qu’ils soient cumulés ou non, doivent être pris au sérieux et faire l’objet d’un bilan médical complet. Seul un médecin pourra poser un diagnostic et envisager la suite si les troubles se confirment.
Conclusion
Rassurez-vous, oublier pourquoi on est venu dans une pièce ou ce que l’on cherche dans le frigo n’arrive pas seulement chez les seniors. Mais des signes plus importants et fréquents doivent être surveillés. Et n’oubliez pas : vous pouvez agir en amont pour limiter les risques de perte de mémoire.