Lutter contre la sédentarité au travail
La sédentarité au travail est une problématique de santé publique. Le fait de ne pas bouger pendant plusieurs heures et de rester devant un écran représente un risque avéré par différentes études. Pourtant, malgré de longues journées, le télétravail et le manque de temps, il est possible de changer la donne. Découvrez les conséquences réelles de la sédentarité et des conseils pour bouger plus.
Qu’est-ce que la sédentarité au travail ?
De sa définition à sa réalité au travail, regardons ce que recouvre le fait d’être sédentaire.
Définition de la sédentarité
La sédentarité, du latin sedenatirus « qui travaille assis », définit le fait de travailler sans bouger. Par extension, on utilise désormais le terme « sédentaire » pour parler d’un manque d’activité physique en général, et plus précisément d’une dépense énergétique insuffisante en position assise ou allongée. Si bien qu’aujourd’hui, les modes de vie sédentaires concernent autant ceux qui travaillent que les autres populations.
Quel est le taux de sédentarité dans les bureaux et en général ?
Les chiffres de la sédentarité
Selon un rapport de l’Anses publié en février 2022, 95 % des Français manquent d’activité physique, principalement en raison du temps passé devant les écrans. Car en plus des écrans nécessaires au travail, s’ajoutent ceux du smartphone et des divertissements personnels une fois rentré chez soi. Autrement dit, un écran succède à un autre et, à moins de faire du sport devant, aucun n’encourage à bouger.
Le seuil de danger pour la santé de la sédentarité a été fixé à 8 heures de position assise par jour. Toujours d’après l’Anses, 38 % des Français seulement arriveraient à ce niveau. Mais la moyenne de la population n’est pas plus mobile avec 7h30 assise sur une chaise, un fauteuil, en voiture, etc.
⚠️Rappelons aussi que la position debout mais statique n’est pas considérée comme un mouvement. Elle n’est donc pas plus favorable à la santé que la position assise.
La contrainte du travail assis
La sédentarité n’est pourtant pas la conséquence d’un comportement partagé par la majorité de la population, mais d’une contrainte en premier lieu. Le travail s’inscrit ainsi dans la vie quotidienne comme le principal facteur de sédentarité. On peut même avancer que cela commence dès les premières années de scolarité, avec des élèves contraints de rester 7 heures assis à un bureau.
A noter : que ce soit dans le tertiaire ou dans une usine de confection par exemple, la position statique est la même et entraîne des problématiques de santé semblables.
Comble et double peine de la sédentarité au travail, elle n’empêche pas non plus les troubles musculo-squelettiques (TMS) causés par des mouvements répétitifs : bouger sa souris, fixer une pièce, etc. Le manque d’activité est en outre un facteur de stress.
Quels sont les risques pour la santé d’un comportement sédentaire ?
La somme des études sur la sédentarité montre qu’elle entraîne des maladies chroniques et une surmortalité. D’après l’Institut de Cardiologie de Montréal et son Observatoire de la prévention au Québec, la grande sédentarité entraîne – par rapport à une faible sédentarité – un risque :
- 112 % plus élevé de souffrir du diabète
- 147 % plus élevé de maladie cardiovasculaire
- 90 % plus élevé de mortalité due à une maladie cardiovasculaire
- 49 % plus élevé de mortalité, toutes causes confondues
À cela s’ajoutent des conséquences sur le poids : en plus de ne pas favoriser le mouvement qui permet de maintenir un poids stable, le fait de rester statique libère une hormone, la ghréline. Celle-ci stimule l’appétit et fait augmenter le taux de sucre dans le sang. Soit autant de risques de prendre des kilos.
Comment lutter contre cette sédentarité ?
Le rapport de l’Anses souligne par ailleurs que le sport n’annule pas les effets de la sédentarité. Autrement dit, rester 7 à 8 heures par jours assis et pratiquer une activité sportive le week-end, même de manière intense, ne change rien aux effets de rester assis en semaine. D’où l’importance d’intégrer en permanence le risque de la sédentarité dans les heures de la journée.
Comment gérer la sédentarité au travail ?
Ce sont d’abord les entreprises qui doivent agir contre la contrainte du travail assis et elles sont aujourd’hui nombreuses à le faire à travers de nouveaux programmes de santé au travail. La culture d’entreprise doit nécessairement changer dans le but de placer le mouvement comme une composante de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et lutter contre la sédentarité. Voici pour cela quelques conseils, à appliquer soi-même et à soumettre à ses collègues et collaborateurs :
- Levez-vous toutes les heures pour marcher quelques minutes, prendre les escaliers, par exemple pour apporter une information à un collègue, au lieu de lui envoyer un mail
- Ne travaillez pas systématiquement assis sur une chaise de bureau, mais changez de temps en temps contre un ballon d’assise qui permet aux muscles de travailler
- Être debout tout en restant statique n’est pas une solution contre la sédentarité, mais cela peut encourager à bouger d’un endroit à un autre du bureau
- Faites de votre pause déjeuner un moment pour bouger avant ou après le repas : le tour du quartier à pied ou dans un parc non loin de là
- Certaines entreprises proposent des cours de sport dispensés dans leurs propres locaux (il existe aujourd’hui des solutions adaptées à chaque situation pour augmenter la forme physique de ses collaborateurs et favoriser le bien-être au travail)
- Si vous prenez les transports en commun et si cela est matériellement possible : sortez une station avant votre arrêt pour marcher avant et après le travail
La sédentarité en télétravail
Le télétravail et la période de confinement au début de la crise sanitaire n’ont pas été propices à l’activité physique et au mouvement en général. Lorsque cette situation se poursuit, ou lorsqu’elle concerne en permanence des salariés ou des indépendants, il faut s’encourager soi-même à bouger dans la journée. Surtout lorsqu’on ne bouge pas plus à la fin de sa journée de travail… Voici pour cela quelques conseils à mettre en pratique pour protéger sa santé et lutter contre la sédentarité pendant vos sessions de travail à distance :
- Téléphonez toujours debout en marchant
- Levez-vous une fois toutes les heures ou, encore mieux, toutes les 50 minutes au minimum et faites quelques mouvements (certaines montres connectées vous alertent si vous restez assis trop longtemps)
- Si vous avez un chien, augmentez le nombre de sorties et/ou de jeux (ce qui fera un deuxième heureux)
- Si possible, installez au moins un équipement sportif « simple » dans votre zone de travail ou non loin de là, ne serait-ce qu’un tapis de yoga
- Comportez-vous comme si vous alliez au bureau : habillez-vous, faites un peu d’exercice avant de démarrer votre journée (pour remplacer le temps passé dans les transports) et respectez les horaires de bureau classiques et des pauses afin d’avoir du temps pour bouger
La sédentarité au travail est un véritable enjeu pour la santé aujourd’hui et pour l’avenir. Les maladies chroniques qui s’installent ne pouvant que créer des problématiques supplémentaires au fil des années. Pour cette raison, des organismes comme Paris 2024 s’engagent aux côtés de l’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité (ONAPS) pour encourager les entreprises à agir pour leurs salariés.