Prévention : le syndrome du bébé secoué
Les médias et le milieu médical alertent régulièrement sur le syndrome du bébé secoué. Parfois, ce sont des affaires judiciaires qui mettent ce sujet à la une. Terrible épreuve, aux conséquences tout aussi dramatiques pour l’enfant, la famille et la ou le responsable, ce sujet mérite d’être expliqué en détail pour éviter que d’autres drames n’arrivent.
Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué ?
Le syndrome du bébé secoué, appelé aussi « traumatisme crânien non accidentel » (TCNA) est la conséquence directe d’une maltraitance commise sur un nourrisson, un bébé ou un jeune enfant. Il est causé par des secousses violentes ou des mouvements brusques incontrôlés. Le cerveau du bébé heurte alors les parois de son crâne. Or, à cet âge, le cerveau n’est pas encore bien formé, ces secousses peuvent donc causer des lésions neurologiques graves et permanentes. A l’extrême, le syndrome du bébé secoué peut entraîner la mort de l’enfant. Dans tous les cas, la personne responsable commet une infraction pénale.
Parmi les conséquences connues du TCNA, on peut notamment citer :
- Des troubles cognitifs et des difficultés d’apprentissage
- Un retard du développement psychomoteur
- Des problèmes de comportement
- Des troubles de la vue, jusqu’à la cécité
Ce drame est le plus souvent causé par des personnes responsables de la garde de l’enfant. Cela peut aussi bien être les parents – le père ou la mère – que les nounous, ou un proche chargé du baby-sitting. Même des professionnels de santé peuvent être concernés. Stressés, dépassés ou dans l’incapacité de calmer un bébé qui pleure, ceux qui s’occupent de l’enfant ressentent alors une violence qui se répercute sur le bébé.
Selon Santé Publique France, plusieurs centaines d’enfants sont victimes de ce syndrome dans le pays chaque année :
- Les bébés les plus touchés ont en moyenne entre 2 et 4 mois
- 1 victime sur 10 décède
- Les 3/4 des cas de syndrome du bébé secoué présentent des séquelles graves
Quelles sont les causes d’une crise de violence au point de secouer un bébé ?
D’après les données du ministère de la Santé, les bébés violentés de cette manière avaient déjà subi des maltraitances. Les parents qui agissent de cette façon peuvent ainsi être obligés de s’expliquer devant la justice lorsque d’autres personnes de l’entourage de l’enfant constatent des lésions. Cela peut aussi arriver quand le comportement de l’enfant laisse craindre des secousses. Les professionnels de santé et le personnel de la crèche sont notamment des facteurs d’alerte. Dans ce cas, ils n’ont pas besoin d’être certains du syndrome, une suspicion suffit.
Inversement, les parents peuvent aussi être ceux qui découvrent que les personnes en qui ils avaient confiance ont brutalisé leur enfant.
Les causes sont diverses et chaque cas est différent. Une nounou ou un parent peut ainsi se retrouver démuni, par la fatigue, l’énervement et une charge mentale dense, au point de s’en prendre à l’enfant dans un accès de rage.
Comment calmer un bébé qui pleure ?
Si vous êtes stressé ou dépassé par la situation d’un bébé qui pleure en continu, il est important de demander de l’aide ou de prendre un moment pour vous détendre et vous calmer avant de continuer à vous occuper de l’enfant.
- Pour cela, placez l’enfant dans son berceau ou son lit en sécurité
- Mettez-vous dans une pièce un peu plus au calme
- Respirez calmement
- Réfléchissez aux raisons qui poussent le bébé à pleurer : vous l’avez nourri, il a été changé. A-t-il de la fièvre ? D’autres symptôme ? Peut-être un mal-être digestif ?
- Après avoir fait le tour de ces informations et avoir retrouvé de la sérénité, retournez auprès de l’enfant pour tenter de trouver une solution
- Si vous ne parvenez pas à retrouver le calme, appelez, selon les cas, votre conjoint, le parent de l’enfant, le pédiatre, ou les secours
Dites-vous tout d’abord qu’un bébé qui pleure ne s’en prend pas à vous et ne le fait pas pour vous énerver. Ce petit être a tout simplement un inconfort, une douleur, une faim, qui le conduit à s’exprimer bruyamment puisque c’est son seul moyen de communication à ce stade.
Pour une nounou, ou une baby-sitter, la meilleure des décisions si rien ne fonctionne (comme de bercer l’enfant, de le nourrir, de le promener) est d’appeler un référent pour exposer la situation et trouver ensemble une solution. Tout vaut mieux que l’énervement qui peut conduire au drame.
Vers qui se tourner en cas de difficultés avec un bébé ?
En tant que parent ou professionnel de la garde d’enfant, vous devez prendre au sérieux vos accès de colère qui peuvent vous conduire, malgré vous, à faire du mal à un bébé. À partir du moment où vous vous sentez dépassé(e), parlez-en à une personne en qui vous avez confiance, à commencer par votre médecin traitant. Il pourra réaliser une première estimation de votre état psychologique, avant, éventuellement, de vous orienter vers un spécialiste.
Que faire si vous craignez un syndrome du bébé secoué chez votre enfant ?
Sachez que toute personne qui est reconnue coupable de cette infraction pénale risque :
- 20 ans de réclusion criminelle si les faits ont entraîné une mutilation ou une infirmité permanente (articles 222-9 et 222-10) ;
- 30 ans de réclusion criminelle si les faits ont entraîné la mort sans intention de la donner (articles 222-7 et 222-8).
La première des choses à faire est de consulter votre pédiatre ou médecin traitant. Il pourra évaluer l’état de l’enfant et, s’il soupçonne ces faits, vous envoyer à l’hôpital pour des examens poussés sur le bébé (IRM cérébrale, prise de sang, fond de l’œil, radiographies…).
Si les médecins affirment que l’enfant a été secoué, vous devrez porter plainte contre la personne que vous soupçonnez, ou contre x. Dans tous les cas, suivez les indications qui vous seront données.
Crainte du syndrome du bébé secoué et baby-blues
Beaucoup de femmes qui donnent naissance à un enfant craignent de passer par une phase de dépression appelée baby-blues. Celui-ci est causé par le bouleversement d’hormones qui a lieu juste après l’accouchement.
Cette dépression, le plus souvent passagère, peut entraîner des effets graves pour la mère et l’enfant. Le désintérêt pour le bébé, avec une mère qui ne parvient pas à en prendre soin seule, est le principal effet du baby blues. Dans d’autres cas, ou en parallèle, cet état peut générer une fragilité et une sensibilité exacerbées aux cris et aux pleurs de l’enfant. La crainte de réaliser un geste dramatique comme le fait de secouer le bébé inquiète de nombreuses mères.
Là encore, en cas de crainte, il est essentiel de faire appel à un son médecin pour lui expliquer la situation, la détresse morale, afin de trouver des réponses et de dépasser le baby-blues.
Tout le monde est concerné
Notez cependant que les mères ne sont pas les seules à passer par une phase difficile. Des cas de syndrome du bébé secoué ont montré que des pères pouvaient se laisser dépasser aussi par les événements et commettre l’irréparable.
De la même façon, le TCNA concerne tous les milieux sociaux sans exception. Chaque être humain peut se sentir totalement noyé par la naissance d’un enfant. Ajouté à des facteurs extérieurs (à commencer par le stress au travail ou une situation psychologique antérieure), l’énervement est un trait commun à toutes et tous. Mais être conscient des risques et de l’extrême fragilité des bébés permet de trouver en soi les ressorts pour se calmer et ne pas commettre l’irréparable.
Voici des numéros de téléphone pour être accompagné :
- « Allô enfance en danger » au 119 (24h/24, 7j/7)
- Si malgré cela, une maltraitance survient, appelez le 15 ou le 112.