Harcèlement scolaire : les conséquences sur la santé
L’actualité ne cesse de nous le rappeler, le harcèlement scolaire est un véritable fléau. Mais derrière cette réalité aux conséquences dramatiques, quels sont les risques sur la santé physique et mentale des adolescents ? Entre les angoisses et les répercussions sur la qualité de vie et les résultats scolaires, le harcèlement est un véritable perturbateur général.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Définition et évolution du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire se caractérise par des actes répétés de violence physique, verbale ou psychologique commis par un ou plusieurs individus à l’encontre d’une personne dans un environnement scolaire. Concrètement, un élève ou un groupe (le plus souvent) s’en prend à un autre élève pour le brimer, l’agresser, en faire la cible des moqueries, voire des agressions physiques.
Pour autant, ce cadre de l’établissement est aujourd’hui dépassé sachant que les relations au sein de l’école se déportent aussitôt en dehors quand la cloche sonne, à travers les réseaux sociaux, devenus parfois de véritables déversoirs de haine : messages répétés garnis d’insultes, vidéos dégradantes, chantages. Les possibilités de nuire y sont encore plus nombreuses. Pire, elles ne quittent jamais la victime constamment sollicitée, de jour comme de nuit.
Les conséquences de cette forme d’intimidation vont bien au-delà de la sphère sociale et émotionnelle, elles ont également un impact significatif sur la santé des victimes.
Un phénomène répandu mais difficile à quantifier
Le harcèlement scolaire est un problème grave et préoccupant qui affecte de nombreux adolescents à travers le monde. Selon l’UNESCO, 246 millions d’élèves seraient concernés. En France, les chiffres les plus récents sont ceux de l’Unicef qui estime que 22 % des enfants se disent victimes dès l’âge de 7 ans et que cela va crescendo. Ainsi, 1 élève sur 4 de 18 ans explique avoir subi une forme ou une autre de harcèlement lors de sa scolarité. Le Sénat évoque quant à lui le chiffre de 5.6 % des élèves.
Par ailleurs, c’est au collège que se concentrent la majorité des faits dénoncés et un contingent de harceleurs. Notons au passage que le phénomène de groupe est bien souvent un facteur de harcèlement, rares sont les jeunes qui agissent seuls.
Dans tous les cas, l’ampleur du phénomène est difficile à quantifier sachant que tous les enfants victimes de harcèlement ne le dénoncent pas forcément. Mais toutes ces données invitent à réfléchir à ce qui n’est pas un phénomène rare, mais une problématique grave qui peut avoir lieu dans tous les établissements scolaires et aux conséquences parfois dramatiques.
Les conséquences du harcèlement sur la santé mentale
Parce qu’il trouble le quotidien des élèves – et qu’il ne s’arrête jamais sur leur smartphone -, le harcèlement scolaire entraîne des répercussions considérables sur la santé mentale. Cela est d’autant plus grave qu’ils se sentent généralement seuls dans cette situation. Sans compter que l’adolescence est une période, sinon LA période charnière de la construction d’un individu, avec tout ce que cela suppose d’angoisses et de questionnements.
Les adolescents qui subissent un harcèlement développent ainsi :
- Des troubles de l’anxiété
- Une perte de l’estime de soi
- Jusqu’à une profonde dépression qui peut mener à des idées suicidaires, voire au passage à l’acte
La détresse émotionnelle et l’isolement sont des conséquences psychologiques du harcèlement, mais ils peuvent persister à long terme et affecter la santé mentale des victimes jusqu’à l’âge adulte. Il n’est pas rare que certaines personnes qui connaissent des difficultés aujourd’hui, de lien social et de troubles anxieux, aient été des enfants ou des adolescents victimes.
Et des répercussions sur le plan physique
Sur le plan de la santé physique, le harcèlement scolaire a aussi des conséquences, directement liées aux enjeux de santé mentale.
Le harcèlement est ainsi un vecteur de :
- Douleurs chroniques et maux de tête fréquents
- Troubles du sommeil
- Troubles alimentaires (anorexie, boulimie)
- Une diminution de l’immunité. L’anxiété et le stress constants auxquels les victimes sont exposées affaiblissent le système immunitaire, les rendant plus vulnérables aux infections et aux maladies.
Chez les harceleurs et les témoins
Si cela n’est pas évident à admettre, notons par ailleurs que le harcèlement scolaire a aussi des conséquences sur les témoins et les agresseurs eux-mêmes :
- Les témoins de ces actes, quand ils n’ont pas agi pour dénoncer ou faire cesser ces agissements, peuvent ressentir de la culpabilité, de la honte, a fortiori si un drame a fini par arriver. Ce qui peut également affecter leur santé mentale.
- Quant aux agresseurs, le harcèlement n’est parfois que le début de comportements antisociaux à l’âge adulte avec, au minimum, des difficultés à établir des relations saines avec autrui.
Protéger la santé des adolescents victimes de harcèlement
Malgré les actions mises en place dans les établissements scolaires, l’actualité nous rappelle régulièrement que le harcèlement scolaire demeure un facteur de graves problématiques.
Dans les établissements, le fait de reconnaître et de prendre des mesures pour prévenir et combattre le harcèlement scolaire est indispensable pour protéger les adolescents des conséquences néfastes sur leur santé. Les parents et les proches veulent aussi agir avec un seul objectif : défendre l’intégrité mentale et physique des enfants et des adolescents. Mais comment faire ?
- Déceler les signes : un changement de comportement, un sommeil perturbé, le refus d’aller à l’école sont autant de signes que quelque chose ne va pas. Il est important d’en parler rapidement avec son enfant et de lui dire que, quoi qu’il se passe, vous pouvez l’aider.
- Prendre contact avec l’établissement scolaire, le CPE, le professeur principal ou directement le chef d’établissement : en cas de harcèlement, c’est le premier pas à réaliser. Inversement, il ne faut surtout pas essayer de se confronter aux harceleurs directement. Si aucune décision rapide n’est prise pas l’établissement, vous pouvez en référer au rectorat. Par ailleurs, tout acte grave, telle une agression physique, peut faire l’objet d’une plainte.
- Envisager un suivi psychologique : et cela, uniquement après avoir bien discuté avec votre enfant. Il ne faut surtout pas qu’il croit que le problème vient de lui, ce sont ses harceleurs qui ont un problème ! Mais une aide psychologique peut lui apporter un apaisement pour poursuivre sa scolarité.
Le numéro à connaître :
Que vous soyez élève, parent, professeur ou professionnel et que vous faites face à une situation de harcèlement scolaire, signalez-le en contactant le 3020, accessible du lundi au vendredi, de 9h à 20h et de 9h à 18h le samedi. Vous serez orienté dans vos démarches.
Le harcèlement scolaire génère des répercussions profondes et durables sur la santé physique et mentale des adolescents et des enfants victimes. Pour toute la société, dans l’enceinte des écoles et en dehors, il est impératif de sensibiliser et de lutter contre ce fléau afin de protéger les jeunes générations.