Conduire avec un handicap : nos conseils pour les actifs
La conduite automobile est un facteur essentiel d’autonomie et de mobilité, notamment pour les personnes en activité professionnelle. Lorsqu’un handicap entre en jeu, cette mobilité peut sembler restreinte. Cependant, de nombreuses solutions existent pour adapter les véhicules et la législation française s’assure de rendre cette possibilité accessible à tous. Voici comment conduire en toute sécurité et légalité malgré un handicap.
La conduite et le handicap : état des lieux en France
En France, selon les chiffres de l’INSEE, 3,6 % des actifs, soit 1 million de personnes, disposent d’une reconnaissance administrative de leur handicap. Parmi elles, certaines sont à la recherche d’une solution de mobilité pour se rendre sur leur lieu de travail ou accomplir des tâches quotidiennes.
D’après un rapport du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires en 2023 :
- 58 % des personnes en situation de handicap utilisent la voiture pour se déplacer (contre 68% des personnes sans handicap)
- Mais elles sont plus souvent passagères, dans 22 % des cas contre 13 % des personnes valides).
- Elles font aussi moins de trajets.
Il existe par conséquent une marge de manœuvre pour ouvrir la conduite automobile aux personnes concernées. Et pour cause : la mobilité, c’est avant tout la liberté de mouvement, d’aller et venir où l’on souhaite. Or, être passager, c’est aussi être tributaire des autres.
Aménager son véhicule : des solutions pour chaque besoin
L’adaptation du véhicule est la première étape pour permettre à une personne en situation de handicap de conduire elle-même en toute sécurité. Grâce aux innovations techniques, différentes possibilités permettent ainsi d’aller au-delà du handicap, qu’il soit d’origine physique ou sensorielle. Il est par ailleurs recommandé de faire appel à un ergothérapeute pour s’assurer que les aménagements sont adaptés aux besoins du conducteur en fonction de son handicap.
Aménagement d’une rampe pour entrer avec un fauteuil
Aujourd’hui, les aménagements des véhicules sont très courants. Des personnes avec un handicap moteur ont ainsi la possibilité de faire modifier un véhicule pour entrer avec leur fauteuil jusqu’à la place du conducteur. Ils sont ainsi entièrement autonomes dans leurs sorties.
Commandes manuelles et aides à la conduite
De la même manière, pour les personnes rencontrant des difficultés motrices, notamment au niveau des jambes, des commandes manuelles remplacent les pédales d’accélérateur et de frein. Ces dispositifs permettent de transférer les fonctions principales de conduite vers les mains, garantissant ainsi une maîtrise totale du véhicule. C’est ainsi que des solutions comme l’accélérateur au volant ou la commande de frein par levier sont aujourd’hui fréquentes.
Adaptations spécifiques pour les personnes malentendantes ou malvoyantes
La pratique de la conduite n’est pas incompatible non plus pour les personnes malentendantes. Les épreuves du permis de conduire sont d’ailleurs adaptées.
De même, pour les personnes atteintes de déficience auditive, des systèmes lumineux peuvent être installés pour remplacer les signaux sonores habituels que sont les alertes de ceinture ou les signaux de recul.
Les personnes malvoyantes peuvent quant à elles connaître des limites et une totale incompatibilité à la conduite. Mais là encore, il faut mettre de côté certains préjugés car tout dépend du degré de perte d’acuité visuelle pour chaque œil. Par exemple, un œil qui voit très mal mais un autre avec une bonne acuité peut donner la possibilité de conduire. Dans tous les cas, seul un médecin peut délivrer une autorisation, parfois temporaire.
Handicap et conduite : quelles sont les règles à suivre ?
La conduite avec un handicap est strictement encadrée par la loi en France. Les personnes concernées doivent respecter certaines règles et passer par des étapes spécifiques pour obtenir ou maintenir leur permis de conduire.
L’obtention ou le renouvellement du permis
Toute personne ayant un handicap doit ainsi passer une visite médicale auprès d’un médecin agréé par la préfecture avant de pouvoir passer son permis. Ce dernier déterminera si la personne est apte à conduire et si des aménagements dans son véhicule sont nécessaires.
Par ailleurs, avant l’épreuve, l’examinateur vérifie que les adaptations du véhicule, décidées après le contrôle médical obligatoire, correspondent bien aux besoins du conducteur. Pendant l’examen, il évalue bien sûr les compétences de conduite classiques, mais aussi l’utilisation de ces aménagements sur mesure. Si le candidat réussit, le permis comportera les mentions qui indiquent les équipements installés sur le véhicule.
Pour les personnes déjà titulaires d’un permis, le fait de le conserver dans le temps dépend de la stabilité du handicap. Si celui-ci évolue négativement, une autre visite médicale auprès des médecins de la Commission médicale départemental sera nécessaire.
Les aides financières
Pour le permis de conduite
Les personnes en situation de handicap ont accès à une aide financière pour financer leur permis de conduire, grâce à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).
Cette aide est accordée si le permis est indispensable pour conserver un emploi ou en obtenir un. Elle couvre uniquement le surcoût lié au handicap, calculé sur un montant maximal de 1 000 €.
A savoir : vous pouvez réaliser la demande directement à l’Agefiph ou avec le soutien de France Travail.
Pour aménager le véhicule
Il est également possible de bénéficier d’une aide financière pour l’aménagement d’un véhicule afin de faciliter la mobilité et l’autonomie. Le coût peut ainsi être partiellement financé par la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), accordée par le Département. La PCH peut couvrir jusqu’à 5 000 € sur une période de cinq ans.
Conseils pour une conduite en toute sécurité en cas de handicap
La sécurité routière est une priorité absolue pour tous les conducteurs, dont les personnes en situation de handicap. Voici quelques conseils pour garantir une conduite sereine et sans risque :
Bien connaître les aménagements du véhicule
La maîtrise totale des équipements et des systèmes d’adaptation du véhicule est indispensable pour une conduite sûre. Si bien qu’il soit impératif de s’assurer que chaque commande et fonctionnalité est parfaitement comprise pour devenir un réflexe.Cela est d’autant plus important que ces aspects sont vérifiés lors de l’examen du permis pour les conducteurs en situation de handicap. Par ailleurs, une formation spécialisée proposée par certains organismes permet de renforcer cette maîtrise si besoin, pour une plus grande confiance sur la route.
Rester vigilant sur son état de santé
Les personnes en situation de handicap et leur entourage si nécessaire doivent aussi veiller à ce que leur état de santé soit compatible avec la conduite et stable. Tout changement de situation, même mineur, peut en effet être facteur de danger pour soi et pour les autres et par conséquent nécessiter des ajustements au niveau du véhicule ou même des restrictions temporaires de conduite. Là encore, c’est aux professionnels de santé de se prononcer.
Conclusion
Conduire avec un handicap peut sembler difficile au premier abord, mais grâce aux nombreuses solutions d’adaptation et aux aides disponibles, il est tout à fait possible de conserver une mobilité autonome, a fortiori pour les actifs. Par le biais des aménagements du véhicule, il est envisageable d’être mobile sur le plan professionnel et personnel. Les personnes en situation de handicap peuvent ainsi continuer à travailler et à se déplacer en toute autonomie, tout en bénéficiant d’un cadre adapté et sécurisé pour leurs déplacements.