Les troubles alimentaires chez les enfants : comment agir ?

12 mai 2023

Avant même le début de l’adolescence, certains enfants peuvent connaître un trouble alimentaire comme la boulimie ou l’anorexie. Face à cet enjeu, les parents se sentent parfois démunis. Or, une prise en charge rapide des causes qui mènent un enfant à se priver de nourriture ou à manger de manière excessive représente une chance de stopper ce mécanisme pour retrouver une alimentation saine.

Troubles alimentaires
Crédits : Stocklib

Définition des troubles alimentaires chez les enfants 

Les troubles alimentaires, chez les enfants ou les adultes, concernent les problématiques liées à la prise de nourriture qui conduisent à des ennuis de santé. Dans certaines circonstances, les troubles alimentaires mènent à une hospitalisation.

Chez les enfants, les troubles alimentaires sont rares, mais peuvent commencer très tôt. Certains bébés refusent de prendre la tétine ou le sein par exemple, quand de jeunes enfants ne mangent rien qui se trouve dans leur assiette. Inversement, certains enfants engloutissent tout ce qui se trouve à leur portée dans la cuisine, des placards au frigo.

Ce qui apparaît comme un caprice peut cependant s’intensifier au point de devenir une véritable problématique de santé, avec :

  • Des enfants qui perdent du poids alors qu’ils sont en pleine phase de croissance, par définition, entraînant des carences et des problématiques de santé
  • Des enfants qui prennent du poids avec une courbe qui ne cesse de progresser en dehors des normes, générant aussi des enjeux de santé

La boulimie

Assez exceptionnelle avant 13 ans, la boulimie peut néanmoins toucher certains enfants qui ne comptent plus les boîtes de gâteaux englouties pour un seul goûter par exemple. Le trouble alimentaire se caractérise alors par des crises où l’enfant mange, et peut se faire vomir. Les causes proviennent généralement d’un manque affectif.

Si une alimentation anarchique ou de mauvaises habitudes se sont installées au fil des années, le terme boulimie n’est pas forcément le plus approprié, mais ce trouble peut se développer.

L’anorexie

La peur de prendre du poids et d’apparaître gros aux yeux des autres concerne des enfants de plus en plus jeunes. Selon les pédopsychiatres, des enfants de 10 ans commencent déjà à se comparer à leurs camarades de classe ou à vouloir ressembler aux influenceurs/influenceuses des réseaux sociaux.

L’évitement de la nourriture, un phénomène connu chez les petits

Les troubles alimentaires chez les enfants sont dans tous les cas particulièrement préoccupants pour les parents et les professionnels de la santé. Au Québec, la communauté pédiatrique a même défini une spécificité chez les jeunes enfants : les troubles du comportement alimentaire restrictifs ou évitants, ou TCARé. Cela signifie que certains enfants, non pour perdre du poids ou pour répondre à une tendance comme chez les jeunes, voient la nourriture comme un danger ou en ont un dégoût car :

  • La texture ou la couleur des aliments leur déplaît fortement
  • Ils ont peur des conséquences du fait de se nourrir : par une crainte de l’étouffement, des vomissements ou d’aller à la selle.

Dans ce dernier cas de figure, la cause peut par exemple se trouver à l’école où les toilettes sont pour eux un lieu hostile. La porte ne se ferme pas, les odeurs sont nauséabondes, etc. Mais cela peut aussi être dû à une mauvaise expérience, comme une fausse route ou une allergie. Par peur de réitérer l’expérience, ils se détournent de la cause. Et cela, quitte à avoir le ventre qui gargouille ou des douleurs.

Les conséquences sur la santé des enfants

Les troubles alimentaires sont, dans tous les cas, une source de carences en vitamines, minéraux, protéines, glucides, etc. Autrement dit, tout ce qui fait fonctionner le corps et l’esprit. Les conséquences sont alors très graves sur :

  • La croissance
  • Le système digestif et la gorge, agressés par l’acidité des vomissements volontaires lors des crises de boulimie
  • Le cœur et les reins
  • L’apprentissage
  • La santé mentale et la suite du développement de l’enfant, qui devient plus sujet à l’âge adulte aux mêmes types de comportements, voire à un développement encore plus grave des troubles

Comment aider les enfants touchés par les troubles alimentaires ?

En tant que parent ou proche d’un enfant qui modifie son comportement alimentaire, vous pouvez agir pour à la fois mieux le comprendre et trouver des solutions :

  • Soyez attentif dès les premiers signes : les signes avant-coureurs d’un trouble alimentaire se trouvent dans :
    • Les changements dans les habitudes alimentaires : ne plus vouloir de beurre ou de sauce, cuire ses légumes uniquement à l’eau…Ou inversement, des placards qui se vident rapidement
    • Une obsession de la nourriture ou du poids
    • Une perte d’intérêt pour les activités autrefois appréciées
    • Une soudaine passion pour le sport quotidien
    • Des troubles du sommeil ou des changements dans l’humeur
    • Et évidemment, une perte ou une prise de poids
  • Restez calme et à l’écoute : si vous pensez que votre enfant a un trouble alimentaire, évitez d’en « faire trop ». Les enfants peuvent facilement détecter l’anxiété et le stress de leurs parents, ce qui les rend encore plus anxieux envers la nourriture. Essayez plutôt d’instiguer une conversation ouverte et honnête pour savoir ce que votre enfant ressent vraiment et pourquoi la nourriture est devenue un sujet difficile.
  • Consultez un professionnel de santé : avant de consulter un spécialiste, faites-en déjà part à votre médecin traitant. Celui-ci peut d’ailleurs être le premier à vous alerter en constatant une perte de poids lors d’un autre rendez-vous. S’il estime que la situation va en dehors de son champ de compétences, notamment sur le plan psychologique lié aux troubles alimentaires, il vous orientera vers un pédopsychiatre.
  • Impliquez votre enfant dans sa guérison : à partir du moment où votre enfant accepte d’être pris en charge, laissez-le rester acteur de sa guérison. Pour cela, donnez-lui un certain contrôle sur son propre traitement et la manière de l’envisager. Les enfants sont toujours plus motivés dans le suivi de leur traitement quand ils se sentent maîtres dans leur prise de décision. Pour autant, conservez votre rôle de parent tout en maintenant le lien, car vous devez garder le dernier mot pour préserver sa santé.
  • Évitez les commentaires sur le poids et la nourriture : les réflexions du type « encore en train de chipoter sur la nourriture » ou « eh bien, ce n’est pas comme ça que tu vas perdre du poids » sont autant d’éléments qui peuvent déclencher ou aggraver les troubles alimentaires chez les enfants. D’une manière générale, émettre des critiques sur leur corps est une atteinte à leur intégrité physique et à leur représentation d’eux-mêmes. Cela peut entraîner des conséquences graves sur la santé mentale et physique, des troubles alimentaires bien sûr, mais aussi des dépressions.

Quel que soit l’âge de votre enfant, si vous décelez le moindre signe d’une aversion pour la nourriture, ou au contraire d’une tendance à la boulimie, parlez-en avec lui. Si le comportement alimentaire devient problématique, consultez rapidement votre médecin. Celui-ci sera à même de comprendre la situation et éventuellement de vous conseiller de voir un spécialiste. Dans tous les cas, la prise en charge est essentielle pour la santé des jeunes enfants et leur avenir.

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