Les dangers de l’abus d’alcool chez les jeunes
Si l’abus d’alcool entraîne des conséquences sur la santé quel que soit son âge, les jeunes sont particulièrement exposés. Avec une mortalité qui augmente à mesure que la consommation commence tôt, en plus de comportements à risques, la consommation excessive de boissons (bière, vin, vodka, liqueur) mène à des conséquences graves de dépendance et de maladies. En tant que parent, professionnel de l’éducation ou du secteur médical, il est important de connaître à la fois l’ampleur du phénomène et comment le juguler lorsqu’on y est confronté vis-à-vis d’un adolescent ou d’un jeune adulte.
Contexte : chez les jeunes, des habitudes de consommation très diverses
Si l’abus d’alcool chez les jeunes est un problème de société, il faut raison garder. La jeunesse tout entière n’est pas concernée par une consommation excessive. Mais celle-ci se concentre sur une partie d’entre eux.
Chiffres clés
En France, d’après les dernières données de santé officielles en 2021, la consommation d’alcool (le fameux « premier verre ») commence en moyenne dès la fin du collège, en classe de 3e. Cependant, comme le montre encore cette étude, celle-ci a diminué entre 2018 et 2021 :
- L’expérimentation en 3e est passée de 75,3% en 2018, à 64,1% en 2021 (et ce, malgré la phase de confinement qui a pu entraîner chez certaines population une consommation en solitaire)
- 30,7 % ont bu au cours du mois de l’étude, soit le plus bas niveau enregistré depuis 2018
- 1 élève sur 5 a cependant expérimenté une consommation forte au cours du même mois
En parallèle, 8,4 % des jeunes de 17 ans interrogés expliquent avoir une consommation régulière.
Bières et prémix, là où le phénomène commence
Tout le monde connaît le rosé pamplemousse et le rhum coca. Ces différents mélanges sont appelés des prémix. Il s’agit d’alcool mélangé à des jus de fruits ou à des sodas dont la saveur sucrée camoufle son goût. Si bien que leur consommation s’avère plus importante, les jeunes ne voyant pas la quantité qu’ils ingèrent.
Ajoutée à la bière qui, elle aussi, suppose dans la tête des jeunes une consommation moindre qu’avec des alcools forts…cela peut donner des mélanges détonants.
De plus, depuis quelques années, les bières artisanales sont particulièrement à la mode et le rosé est devenu une institution pendant les vacances d’été. Cette image d’Épinal rend leur consommation auprès du jeune public beaucoup plus acceptable. Or, quel que soit la boisson consommé, l’abus – sur plusieurs jours ou dans la même soirée – est facteur de danger pour la santé de la personne et son entourage.
Les dangers du binge drinking
Le binge drinking, que l’on peut traduire par alcoolisation ponctuelle importante » (API) est une « mode » de recherche de l’ivresse venue du Royaume-Uni qui consiste à boire en quantités phénoménales dans la même soirée. Dans les faits, on peut parler de binge drinking à partir de 6 verres dans la même soirée. Tout le monde a par exemple en tête des images de personnes ivres dans la rue, au bord du coma éthylique, si ce n’est pas déjà le cas.
Les jeunes qui s’adonnent à cette pratique ont le plus souvent entre 15 et 25 ans et n’ont pas tous le même but. Il peut ainsi s’agir :
- De vouloir appartenir à un groupe (autrement dit, celui qui ne boit pas en quantité ne mériterait pas d’en faire partie)
- De vouloir masquer un mal-être
- Et parfois, il faut bien l’avouer, par simple suivisme
Le binge drinking est particulièrement inquiétant, a fortiori lorsqu’il se répète ou qu’il devient un mode de consommation habituel, même en journée. Dans tous les cas, une consommation massive peut entraîner :
- Un comportement à risques (agressivité, bagarre, perte de vigilance, accident de la route, vulnérabilité, relations sexuelles non consenties/non protégées, etc.)
- Un mal-être, une dépression (qui sont soit consécutifs soit les causes, mais forment un vase communicant) et une dégradation du quotidien, dans le parcours scolaire et personnel
- Un coma éthylique et une hospitalisation
- Etc.
L’association avec la drogue
Généralement, des jeunes qui consomment des quantités astronomiques de boissons alcoolisées sont aussi concernés par la consommation de drogue, notamment le cannabis. Or cette association représente un danger supplémentaire sur les comportements à risques et sur la santé, notamment cérébral. Cela peut ensuite influencer un état de dépendance aux produits psychoactifs sur le long terme.
Par ailleurs, cette consommation ajoutée à des drogues dures telles que la cocaïne, l’héroïne ou les drogues de synthèse peut augmenter les risques sur le plan cardiaque et cérébral et être fatale.
Quels sont les risques de dépendance chez les jeunes ?
Comme le souligne l’INSERM, une consommation supérieure à 2 verres par jour s’apparente à une consommation à risques. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il y a dépendance, mais la régularité de la consommation amène à s’interroger sur sa relation avec ces boissons. Lorsque l’on est jeune, plus la consommation est régulière, plus le risque de dépendance et d’alcoolisme se renforce.
Dans le même temps, les dangers de tomber dans la dépendance chez les jeunes, puis chez les adultes dépendent de différents facteurs : génétiques, comportementaux et environnementaux.
Par ailleurs, des études ont montré que plus le début de la consommation de ces boissons est précoce, plus le risque de développer une dépendance est élevé.
Quels sont les risques de maladies ?
À terme, une consommation importante peut aussi être un facteur :
- De cancers : gorge, œsophage, foie, pancréas, sein, colon/rectum, etc.
- D’atteintes hépatiques graves :
- De pathologies cérébrales : troubles de la mémoire, épilepsie, problèmes cognitifs
- De pathologies cardiaques : hypertension artérielle, angine de poitrine, accident vasculaire cérébral (AVC), troubles du rythme cardiaque, atteinte du muscle du cœur, etc.
Comment aider un jeune concerné ?
En tant que parent, proche ou professionnel, vous vous inquiétez du comportement d’un jeune avec l’alcool ? L’approche dépend bien sûr de la relation entretenue avec lui et du niveau de confiance que vous avez. Une jeune fille ou un jeune homme qui en consomme en trop grande quantité peut notamment se braquer et considérer que son entourage exagère.
Certes il n’y a parfois « pas de quoi s’inquiéter », mais si vous pensez le contraire ou souhaitez l’alerter, il peut être utile de passer par le test proposé par Alcool Info Service, l’Alcoomètre. Loin d’être rébarbatif, il lui permettra en quelques minutes de situer sa consommation habituelle. En fonction des résultats qui lui seront donnés, et des risques associés si sa consommation est trop importante, vous pourrez entamer une discussion avec elle/lui.
L’important est de montrer sa compréhension et de ne pas se placer dans la position du sage qui, pour un jeune, est parfois synonyme de ringardise ou d’incompréhension des problématiques des personnes de son âge.
Il peut aussi être utile de lui montrer l’environnement dans lequel il évolue. Celui-ci est peut-être soumis à de nombreuses publicités ou influencé par les réseaux sociaux notamment.
Dans le cas d’une consommation à risques, l’orienter vers une consultation auprès de son médecin généraliste, voire d’un addictologue est indispensable. Les chiffres le montrent, la consommation de ces boissons chez les jeunes ne les concerne pas tous, loin de là. Mais pour ceux qui boivent plus que de raison ou qui ne se rendent pas compte des quantités ingérées, il est important d’alerter à la fois sur les risques sur leur santé… et les risques qu’ils font